Ici il n'y a plus que l'ombre de l'automne, à ce temps déprimant où la saison n'est plus ni automne mais pas encore hivers. Subsistent les ombres de l'automne et le fantôme volatil de l'hivers à venir, douce promesse encore irréalisée.

Tous les matins j'avance sous cette voûte d'arbres d'habitude verdoyante ou couleur de feu, mais là, je vous jure qu'ils sont à l'agonie depuis que vous ne venez plus. Ils tendent leurs bras décharnés vers le ciel, veufs de leur somptueuse parure, comme pour attirer à eux les nuages et se faire un nouveau manteau.

Depuis que vous ne venez plus, il y a certains matins où les nuages taquins se glissent jusqu'aux arbres et se coulent entre leurs branches, comme la promesse d'un nouvel habit de joie sur leurs membres malades. Puis aux premiers rayons d'un soleil qui décline dès son apparition, ils s'envolent et rientsous cape de ce tour malin.

Depuis que vous ne venez plus, il n'y a plus votre sourire qui me redonne courage au détour d'un couloir, cette éteincelle qui perdure dans ma poitrine jusqu'au jour suivant. Depuis que vous ne venez plus, il n'y a plus les souvenirs de vos cours et vos monologues passionants où, prenant les souflles à témoins vous animez les âmes de ceux qui vous prêtent oreille.

Depuis que vous ne venez plus je n'entends plus cette petite phrase mélancolique "Je crois en vous, je croirais toujours en vous, accrochez vous, vous allez y arriver.", que vous me murmuriez chaque jour pour redonner de la vigueur à mon visage défait.

Depuis que vous ne venez plus, je n'ai pas encore osé vous écrire, écrire que vous me manquiez, par peur que mes mots vous déçoivent. Pourtant chaque minute c'est votre présence apaisante qui me fait défaut. Alors cette lettre sera bientôt écrite, à l'heure où le temps s'étire en des secondes démesurées.

C'est injuste ce qui vous arrive, mais la justice n'existe pas. Pourtant cette injustice là me révolte parce ue justement je ne peux rien contre elle, contre reine hasard. Trop fière, trop impavide pour que nos peurs attaviques soient résorbées.