J'écoute la BO de Titanic pour m'envoler au son des flûtes, du piano si léger...Je voudrais tant vivre dans un film. Etre tenue en haleine jusqu'à la fin, me perdre dans les méandres palpitants de l'inconnu, de l'instant d'après que l'on ne connaît pas encore, de l'instant présent qui reste tout de même confus, de l'instant passé qui reste vivace et figé sur cette grande pellicule en noir et blanc.

Vivre dans un film pour ne pas être oubliée, rester présente dans les esprits, physiquement et moralement. Pour ne pas connaître de routine, aucun repos, des foules en liesses, des aventures en rafales, de l'amour à n'en plus finir, des jeux de séduction, des "je t'embrasse" et "je t'embrasse pas" et qu'est ce qu'on est con, qu'est ce qu'on est con quand pon rêve d'amour et d'eau fraîche, d'amour et d'Eternel, qu'est ce qu'on est cons et écoeurants de naïveté...

Il neige encore en rafales, ces trois derniers jours se sont écoulés sour un brouillard blanc, le crissement de ce manteau sous mes pas, et mes empreintes qui semblaient vouloir geler pour ne plus fondre, jusqu'à ce qu'elles soient de nouveau recouvertes par la prochaine averse de gros flocons. C'est le ciel, le ciel qui crache sur les hommes à coup de boules blanches, "Pour panser de coton le pauvre monde", c'est la Nature qui reprend ses droits, qui brise nos rêves de puissances, qui nous met devant un miroir avant de nous faire voler en éclats.

Et que faire lorsqu'on se dit que même l'Eternel est limité...?

 "L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes,
    Projette l'illimité,
    Approfondit le temps, creuse la volupté,
    Et de plaisirs noirs et mornes
    Remplit l'âme au-delà de sa capacité.
    
    Tout cela ne vaut pas le poison qui découle
    De tes yeux, de tes yeux verts,
    Lacs où mon âme tremble et se voit à l'envers ;
    — Mes songes viennent en foule
    Pour se désaltérer à ces gouffres amers."

Charles Baudelaire, "Le Poison", "Les Fleurs Du Mal"