Difficile d'écrire quand on se sent si bête. si dénuée d'interêt, si abandonnée de toute volontée. Trop conne, la fille.

La fille qui s'emballe pour un rien. Un message qu'elle trouve scandaleux qu'elle relancera tel quel parce que elle croit ses sources sûres. Oui mais on ne peut faire confiance à personne, t'as encore oublié?

Trop conne, la fille. La fille un peu trop impétueuse, un peu trop insolente, qui ne sait quoi répondre à son prof quand il l'appostrophe, qui se cache le visage dans les mains pour ne pas entendre sa note d'allemand, qui soutient le regard de sa prof en lui demandant "Et moi, qu'est ce que je fais là, dites? Vous pouvez m'aider?"

Trop conne, la fille. La fille un peu trop amoureuse qui passe devant la classe de son Lucas, suivie des yeux par les amis de celui ci et par un sourire timide de lui même...suivie par les chuchotements, l'envie de courir, mes jambes qui s'emballent, moi qui tremble, mais maîtrise maîtrise, à part un claquement de dents personne n'aura rien perçu.

Trop conne, la fille. Quand elle le voit appraître, éclaboussant, resplendissant de bonheur habillé tout en blanc, mon Dieu qu'il est beau, mon Ange, mon apparition céleste, celui que j'attendais. Puis ses yeux qui glissent sur moi, qui ne me voient pas.

Trop conne, la fille. Quand elle ne sait plus où elle en est, quand le cours de français se transforme en récréation forcée à cause de la maladie de la prof, où le commentaire de texte qu'elle a sous les yeux lui donne des cauchemards, quand elle sent son estomac se tordre parce qu'elle ne trouve pas le champ lexical.

Trop conne, la fille. La fille quand elle oublie le TP à rendre, quand elle oublie ses heures de cours et ses salles, quand elle à les larmes au bord des yeux et la sourde apréhension dans le coeur, accompagnée des sueurs froides alors qu'elle avance tout droit dans cet enfer, tout droit vers ces batîments de brique rouge qui ne souhaitent que l'avaler.

Trop conne, la fille. La fille qui croit à tout mais à rien. La fille qui a besoin de tout mais n'a rien. La fille qui se plaint alors qu'elle aurait pu vivre en 44...et que non, elle vit en 2004 mais elle se plaint quand même.

Trop conne, la fille. La fille qui passe son temps à rêvasser, la tête dans les étoiles, qui rêve de doux bras, de doux corps, de douces peaux, de douces lèvres...

Trop conne, la fille, décidément, vraiment trop conne.