Demain c'est la rentrée. J'y vais sous bonne escorte, deux amies, rien qu'a m'entendre parler et à voir mon visage, m'oint dit sans appel : On vient avec toi. Elles sont adorables, et puis j'en avais tellement besoin...Heureusement que je n'y vais pas seule, heureusement qu'elles sont là...

Je me demande vraiment comment ça va se passer. j'ai la liste de mes profs (complicité interne), pas encore fait mon sac, quelques noms de personnes qui seront dans ma classe, dont une fille qui va me coller à temps complet, mais c'est la vie.

Je risque de me retrouver avec la soeur de Lucas, Florence. Ce serait drôle, tiens. Enfin...à la refléxion je ne rirais pas tant que ça. Quel mec voudrait sortir avec l'amie de sa soeur. Petite soeur?

Oui, enfin, déjà il faudrait qu'il veuille sortir avec moi, et je n'en sais rien. je le vois demain après midi, 1heures, une petite heure. A chaque fois que nous nous voyons si peu de temps, avant de fixer le rendez vous alors que je parle encore au téléphone avec lui, une petite voix sournoise me murmure : "J'aurais quelque chose dont je voudrais te parler..." et chaque fois j'arrive à me taire avant qu'il ne soit trop tard.

Mais je commence vraiment à souffrir, alors peut être vais-je jouer à quitte ou double, peut être vais-je lui dire quitte à me faire envoyer sur les roses. Je préfère mourir par sa main que vivre sans lui. Je me dit que je serais fixée, que je pourrais passer à autre chose...

Ce n'est pas vrai, je ne le pourrais pas, je l'aime trop pour ça. Mais qu'importe. Je suis suicidaire parfois.

Puis demain, il y a Elle que je verrais peut être, j'espère en tout cas, que je la verrais et que je pourrais lui parler, effacer l'impression d'être de trop face à ses amis. j'essayerais, j'essayerais...

Humeur mitigée, stress, mélancolie, énervement, tendresse, appel...

Cet après midi petit tour au bord du lac, ce lac qui me manquait tant, il s'y trouve un peu de mes racines, de mes ressources. Quand je vais mal, je vais là bas et je m'assois à l'abri des regard tout au bord de l'eau, sur la pierre froide, mon regard plongé dans les abîmes, dans le vert qui me fait penser à ses yeux.

Jouer du piano, sentir mes doigts effleurer les touches et se délier comme par magie, savoir jouer un morceau, en être fière, savoir jouer "Jeune et Con", en être ravie, et chanter à n'en plus pouvoir parler. Jouer sans cours; sans entraînement aucun, juste parce que je veux, dont je peux....Fierté, émerveillement, musique, sentiments...

M'allonger sur mon lit et plonger mon nez dans l'oreiller, l'odeur de Lucas se superposant dans mon esprit à son image un peu floue, sa voix résonnant en moi, son sourir allumant un feu, et son regard, son  regard...

M'assoir, écouteurs sur les oreilles, pour lire jusqu'à tomber de someil, les yeux fermès d'ivresse, les mains crispées de détresse...

Ecrire jusqu'à n'en plus pouvoir tenir un crayon, écrire jusqu'à y vider mon coeur, écrire jusqu'à ne plus voir les heures...

Ne plus savourer les matins et les réveils sans effort, toujours penser à demain et sans cesse se mettre en tort, ne plus sentir le souffle d'air qui glisse sur votre peau, ne plus risquer de dire un seul mot de trop, ne plus le regarder le nez dans l'herbe, prévoir à l'avance nos rendez vous pour les anuler au dernier moment, briller de l'espoir d'un instant et replonger dans le présent...

Séparés par nos vies, nos études et nos amis, rongés par nos passions, sans plus vraiment de maison, trahison sur trahison, plus d'amitié, plus que tout des faux jettons, plus que tout se noyer avant...avant qu'on...

Avant que je ne cesse de l'aimer, avant qu'il ne puisse pas m'aimer, avant que la terre ne s'effondre, avant que la foudre ne tombe, avant que le tonnerre ne gronde, avant que le sang ne coule...

Pour que j'arrête de me détruire, pour que je maudisse en paix ceux qui m'ont fait si passionnée, toujours à me donner en entier à ceux qui ne veulent rien voir. j'aime trop, et j'en souffre, infiniment.

Pour un autre demain...un meilleur chemin...