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Mais qu'est ce qui me pousse dans les histoires qui boîtent?
--> Mayane Delem

Histoires de coeur sur fond vert pomme, peut être un reflet de l'acidité que peut avoir la vie...parfois. (ou pas, d'ailleurs) Ou de la douceur de certains mots, ou des illusions qui naissent lorsqu'on a le nez dans l'herbe, ou ces intermissions hautes en couleur, ou certains événements relatés, réécris, revus et corrigés, qui ont pour fil directeur cette couleur, ou peut être que le mélange du vert clair et de l'ocre sur le côté n'est pas sans me rappeller la couleur de ses yeux, ou celle de ceux se Sam, ou ceux de Brice quand le vert d'eau se mèle au vert...et au blanc. Puis le vert, c'est pétillant, c'est gai, c'est enlevé, tout ce qu'est ma vie à des intervalles de plus en plus réguliers, et de plus en plus longs. Il suffit de partir du principe que si l'on est pas capable de savoir si ça va, ou pas, c'est que tout va bien.

Et effectivement, tout va mieux.

Hier soir, nuit du cinéma fantastique, avant hier soir, "Maria Pleine de Grâce" avec ma Sam. J'en tremble, parfois, devant ces films, en me disant "et si c'était moi?" est ce qu'on, est ce que j'ai, le droit de me plaindre alors qu'ailleurs de par le monde des gens souffrent rééllement? Bien sûr, nous avons tous des perspectives différentes sur ce qui nous affecte, et ce qui nous entoure, selon la vie que l'on mène.

 J'ai rêvé de Lucas toute la nuit, Lucas qui me disait...que me disait t-il déjà? Ca m'échappe...Lucas qui me disait, il me disait, de cela déjà;, j'en suis sûre. Nous allions de villes en villes, sur un pont de chemin de fer, dans l'ombre d'un chateau, dans la fraîcheur d'une rivière à nos pieds, avec deux ou trois autres personnes, au visage flouté. Il avait sa guitare, j'avais une plume et un encrier. Il créait l'envol de mes mots grâce à celui de ses notes. Nous étions...nous étions ni amis, ni amants, ni perdus...nous étions un rien qui défiait le tout, un rien qui était tout tant il était indefinissable. Je l'ai serré plusieur fois dans mes bras, ai enlacé ses épaules, carressé chaque courbe de son dos, sa nuque, offerte, si proche, si douce, ces mèches qui balayaient son front...ses yeux dans les miens alors qu'il me tenait fort, si fort, tout contre lui. Nul besoin d'un baiser pour compléter se rêve, ni lui ni moi n'y pensions, à ce qu'il me semble, ce lui retiré du monde, ce cocon protecteur fait de nos deux chairs dans lequel nous nous enveloppions, tout nous suffisait et rien n'était superflu. Ses yeux contre les miens...puis un adieu déchirant sans aucun contexte, nos voix qui s'élèvent et qui hurlent l'un à l'autre "Mais quand te reverrai-je? Dis moi, Lucas, sous quel autre ciel, à quelle heure tardive encore? Sous quelles contraintres, sous quelles hospices, sous quelle chance à nouveau offerte?"
"Demain, où tu t'y attendras le moinq, je serais là pour t'épouser, pour t'envelopper de mon regard."
"Quand? Où? Dis moi quand, Lucas, murmure quand, hurle le moi!"

"Demain, ne t'inquiète pas, demain..."

Et les voix de s'éstomper et de disparaître, et cette sensation de me débattre pour rester dans mon rêve, de forcer la fiction à épouser la réalité, de hurler, de me débattre à cette frontière entre deux mondes, pour rester dans ces bras dans ce repère intemporel, mais la réalité l'a emporté comme elle l'emporte toujours, et j'ai ouvert les yeux, le coeur battant, dans un espoir déjà détruit avant de naître qu'il soit là, juste en face, à me regarder dormir comme celle qu'il aurait attendue l'éternité entière. Mais tout n'est qu'un rêve, des illusions, emportées par le vent, je le sais déjà, avant même de décoller mes paupières lourdes de rêves, lourdes d'espoirs, lourdes de tant de lui, de tant de mot, lourdes de toute cette intemporalité. Je me retourne, je glisse mon visage sous un oreiller, je cherche de ma main la fraîcheur, sur les autres, un souffle, quelque part, un souffle qui me détromperait sur le faite que je sois seule, là, dans ce lit, encore emplie d'un espoir fou et de rêves qui mettent à feu et à sang vos plus cruelles désillusions. Je cherche à ressombrer dans l'infini obscur, un retour en arrière dans ce trou noir, ce miroir du temps, dans les limbes de mon esprit. Juste un sursis, un peu plus de temps, pour le voir encore, encore, encore et encore. Pour emporter dans cette réalité tout ce que je pourrais de lui.

Au long de la journée, je me disais...."Demain? Demain c'est aujourd'hui. Si nous devions nous voir et qu'il restait encore un peu d'espoir, alors ce serait aujourd'hui. Aujourd'hui, aujourd'hui..." feuilletant les livres de la librairie, mon regard s'égare à droite à gauche, cherchant un reflet, une image de lui, insaisissable dans la réalité qui fait rage autour de moi, de lui, de nous.

Puis je rentre, "The scientist" sur les oreilles, en rêvassant, les yeux au ciel, saisissant chaque nuance du coucher de soleil, à défaut de saisir les étoiles, ou de décrocher la lune. Ce soir, nuit du cinéma fantastique...mon cinéma de quartier organise ça, je vais y aller, avec Mamour. Et là, j'ai un flash, une intuition, une phrase qui s'impose à mon esprit, sans raison, sans contexte, sans doute..."Il sera là ce soir, je sais que Lucas viendra." une phrase du même genre que celle qui me disait "Il n'appellera pas." Je ne peux pas savoir qu'il sera là, c'est impossible. Brice ou autre de ce groupe n'en ont pas parlé une seule fois, il va voir tous ses films dans l'autre cinéma...rien qui laisse présager ça...pourtant...

Pourtant à la fin du premier film, je le vois descendre les escaliers...s'arrêter en bas, saluer une connaissance d'une poignée de main, et ce qui ne fut qu'un rêve me revient en mémoire avec la force d'une réalité refoulée aux tréfonds de mon esprit, par doute ou par peur. J'agripe Mamour, la secoue, murmure à son oreille en hurlant, tout est dans le ton, "Il est là, regarde, Lucas est là!". Je me lève, l'entraîne avec moi, nous nous engouffrons dans le couloir qui mène aux toilettes. Il y a de l'attente, nous attendons, donc. Une minute, longue minute, puis il sort, me voit, sourit, je ne sais pas...il s'approche, me tend la joue, à moi, statue de sel. Je ne peux plus bouger, plus faire un pas, pas même respirer, pas même parler. Je sens le sang qui bat à mes tempes et qui inonde mes joues, je sens la chaleur de son corps si près du mien, je sens l'intensité de son regard posé sur moi, qui me brûle plus encore que n'importe quel feu.

Je m'ébroue, me réveille, prends conscience que la réalité à rattrapé le rêve, me met sur la pointe des pieds tandis qu'il incline la tête, une joue, contre mes lèvres, l'autre joue, contre mes lèvres, ses lèvres, sur ma joue, joue contre joue, les yeux dans les yeux qui s'affrontent, le temps de quelques secondes. "Tu es venu avec qui? Des potes?"
"Oui, et toi?" "Avec Marine." "Ok...bon film, alors, bonne soirée." "Merci...toi aussi."

Il part...deux pas, trois pas...il se retourne, me regarde. Plus que ça, me...je ne sais pas, m'emprisonne dans ses yeux, pour un instant, comme pour garder quelque chose de moi. Il fait quelques pas en marchant à reculon, le regard profond, intense, sur moi, et je me retrouve à le regarder, hébétée devant l'intuition qui c'était révélée juste. Encore quelques pas à reculons, puis il se tourne, pour ouvrir la porte, et cette fois, disparaît dans la salle. Lorsque j'y retourne, à mon tour, je suis encore tremblante, peu sûre, peu remise, j'ai perdu tous mes repères, sous ses yeux. Mamour me le fait remarquer, elle me raconte mes gestes soudains plus hésitants, mes yeux plus grands que jamais, l'impression que je vais sombrer, d'un coup, et toutes mes émotions qui défilent sur mon visage tendu vers le sien. "Tout ce que tu as pour lui...tout le monde l'a vu..."

Je me retourne, une fois ou deux, je ne sais plus, je vois son visage dans l'ombre, ses lunettes aux verres qui captent l'éclat de l'écran...si longtemps que je ne l'avais pas vu avec ses lunettes...quelques mois, je crois...puis soudainement, alors qu'il est à l'autre bout de la salle, en haut, et moi en bas, alors qu'il est sensé regarder Constantine, mais que moi, pas forcément, je l'ai déjà vu, nos regards se croisent.

Les lumières se rallument, et lorsque je tourne la tête, il n'est déjà plus là...

Ecrit par P'tite Etolane, le Dimanche 13 Mars 2005, 16:38 dans la rubrique Vivre chaque seconde....

Commentaires :

Feu
Feu
15-03-05 à 13:32

Ca faisait quelque temps que je voulais laisser un commentaire sur cet article, je n'osais pas trop, et puis, voilà qu'une "raison valable" m'y pousse... Donc, que voulais-je dire? Oui, j'en ai fait aussi, des rêves comme les tiens, ils m'ont hanté l'esprit durant des mois... Les sensations si incroyable que l'on ressent ; au réveil, je me demandais comment il était possible que je les aies perçues dans mon sommeil, dans ce monde autre, puisque je ne les avais jamais vécues auparavant, dans la "vraie vie"... Ton article m'a fait me remémorer tout cela, il m'a touchée, j'avais juste envie de la dire.

Donc, voici ma "raison valable"! : je t'ai passé le relai pour quelques petites interrogations sur la lecture, suite à l'invitation de Joumana. Pour connaître la suite, viens faire un petit tour pour lire mon dernier article, j'y réponds, justement, à ces questions! :)

 
Samhradh
Samhradh
16-03-05 à 21:28

je ne dirais rien de plus que ce que tu sais déjà (j'ai le privilège de te parler plus souvent en face que par internet eheh ;) !!) mais j'ajoute quand même que cet article est très beau...