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Just another soldier on the road to nowhere...:)
--> Damien Rice, "Amie"

Il y a des choses que j'ai envie de décrire, des émotions saisies en route que je voudrais retranscrire ici, mais la sensation de tout vivre à cent à l'heure est si forte que je ne peux pas songer à m'arrêter assez longtemps ici pour rentranscrire ce qui se passe. Alors je rêve à l'abrégé, que je hais, puis je pense tapoter très vite sur mon clavier, pour tout dire en un temps record et repartir à nouveau, vivre d'autres moments, et revenir encore, les écrire ici. Ces milliers de choses que je voudrais raconter, du plus anodin au plus important.

Les vacances m'ont apporté plus que ce que je croyais, une stabilité qui m'assure pour quelque temps une espèce de paix intérieure, comme une trève avec moi même et mes frasques psychologiques ou physiques, plutôt incessantes et un peu folles, parfois, dans le brouillard de ces jours qui filent. Puis tous ces articles que j'ai lus sur tous ces blogs, Dana, Cabotine, Feerange, Cocktail, Feu...des bouts de vie qui viennent me rappeller que la mienne en contient d'aussi détonnants, que moi aussi j'aime telle et telle chose, que moi aussi je m'amuse follement, d'un tout ou d'un rien, parfois même des deux.

Je ne vais pas hurler de joie pour mon 3.5/20 en physique, c'est un fait, surtout pour l'appréciation "Manque de travail", alors que j'avais travaillé. Je hais qu'on dise de moi le contraire de ce que je fais. Humpf. Mais cette note est eclipsée par la résolution de nouer le dialogue avec le professeur, par la mine ravie de ma prof d'anglais quand pour la première fois de l'année (sans exagérer), j'ai ouvert la bouche volontairement pour essayer de répondre à une question, et que cette réponse a été presque juste! D'ailleurs, la prof, elle s'est empressée de me réinterroger. Et cette fois ci, la réponse était totalement juste. Prendre confiance en moi en anglais, c'était inespéré.

Contrôle, d'ailleurs, vendredi. Sam va me faire quelques exercices sur feuilles pour m'apprendre la voix passive, adorable de sa part de me proposer son aide au moment où j'en ai besoin. Elle le sait ou le sent, j'en sais rien, mais ça ne rate jamais. D'ailleurs, son concours, c'était aujourd'hui. Et son sujet de dissert' était tellement farfelu que je ne me suviens plus que de quelques mots épars, dont "classissisme" "ellipse du personnage" et "fonction du langage"...je n'essaierais pas de le remettre en ordre, m'esyt avis que ça donnerait quelque chose de franchement comique.

Lucas aussi, que j'ai croisé trois fois et qui m'a fait trois sourires. Et une conversations aux yeux et aux sourires, si forte et pourtant muette entre nous deux. Sa gentillesse ,peut mentir pour lui, mais ses yeux non. Je sais quand il sourit vraiment, quand il sourit pour le paraître, quand je le garde à vue et qu'il aimerait disparaître, quand il s'en fout, quand il est gêné, quand il m'observe, tout comme il sait quand je le hais, quand je l'aime, quand je l'épie.

En rentrant en bus à 17heures, après avoir degusté du chocolat avec Sam dans les couloirs du lycée, et bavardé devant celui ci, après avoir écouté chaque détail de ce concours apparament plutôt...insolite, je vois s'approcher vers l'arrêt une petite silhoutte. La petite silhouette d'un petit bout de femme, aux cheveux blonds et à l'air nostalgique, un peu timide, un peu perdu. C'est l'air de celui qui revient sur les lieux du crimes après un long temps d'absence. C'est celle que j'espérais croiser chaque jour au détour d'un couloir, tout en sachant que c'était impossible. C'est mon ange, ma guerisseuse.

Ma prof de français de l'année dernière. Après six longs mois d'absence due à une chute qui lui a value une rotule brisée, elle a de quoi se sentir perdue. Elle connaît à peine la classe qu'elle a cette année, et après tant d'immobilité, tant de désagréments, la vie doit lui paraître bizarre à l'extérieur. Je plante presque mes amies, et m'avance vers elle en sautillant, riant aux éclats. Je lui dit mon bonheur de la voir, nous échangeons les nouvelles, elle me raconte l'immobilité, la convalescence, les visages toujours identiques, les jours sans saveurs, puis le goût retrouvé...

Je lui raconte les nuances du quotidien, le combat qui se poursuit, je lui raconte l'envie, qui vient puis fuie, je lui raconte la peur, la volonté, et nous partageons notre amour des lettres autour de citations d'auteurs commums. Et derrière elle, je vois ce bonnet bleu, qui me regarde, ne me lâche pas. Le bus arrivé, nous montons dedans, poursuivons notre discussions, après tant de moi, je ne veux pas perdre une seule miette d'elle, je ne veux pas la laisser s'évaporer, pas encore, pas tout de suite. Lui, il s'assoit au fond, dos à nous. Pourtant, il est tourné tout le temps du trajet vers moi et me regarde, me regarde parler, m'animer, sourire, devenir grave, changer d'expression à chaque émotion.

Je suis les yeux dans ceux de cette femme que j'aime tant, qui vous fixe, vous affronte du regard lorsqu'elle vous parle, est à votre écoute, attentive, sereine, douce et calme. Et ce sont des bouffées entières de courage qui viennent libérer mes poumons encrassés. Ce lien, ce lien ténu entre nous deux, il est là, il existe, c'est l'essence de nos regards.

L'arrêt de Lucas, il descend, me frôle, fige ses yeux dans les miens, me sourie, me sourie vraiment. Oui, je lui avais parlé de cette prof, ce fameux vendredi. Et là, je ne lui en veux plus. Il m'a comprise, il sait, maintenant il sait à quel point mes propos sont sincères. Ses yeux dans les miens, il ne passe rien d'autre qu'un éclair de compréhension mutuel. Pas d'amitié, pas d'amour, pas de haine, pas de dégoût, juste de la compréhension. Et son sourire, son sourire qui dit "Je te sais drôle de fille, jolie brunette, je te sais extravagante, un peu fofolle, mais tu es bien la seule que je vois parler avec tant de bonheur et d'emphase à un professeur. Tu es bien la seule que j'ai vu se précipiter vers un professeur comme sur un ami de longue date, j'ai cru que pour un peu tu l'aurais prise dans tes bras, tu es bien la seule..."

Et juste une esquisse de sourire, en réponse. Une trève,  "Je ne t'en veux pas, je sais que tu es lâche. Je t'ai vu avancer hier, puis reculé. Tu t'es souvenu que tu ne m'avais pas rappellé. Mais je le savais avant même de raccrocher, que tu ne rappellerais pas, c'était une évidence. Ta gentillesse a encore fait une victime, je comprends Jo a qui il est arrivé de douter de ta sincérité à cause de celle ci. Arrête de prendre soin de moi de cette manière, ça ne marche pas. Mais tu vois, je pardonne, j'oublie, je t'aime, puis je ne t'aime plus. Alors t'en vouloir pour celui que tu es...je ne te changerais pas."

Je suis descendue à mon tour, sur un dernier mot avec mon ange gardien, un sourire scotché sur mes lèvres, un sourire inaltérable. Ressortie dans le froid quelques heures plus tard, en passant devant le conservatoire je me suis rappellée que Brice avait cours de batterie, le mardi soir. Cependant, impossible de me souvenir de l'heure. Je suis arrivée au lac, j'ai marché un peu, rebroussé chemin, et l'ai croisé, comme si ma pensée avait heurté la sienne en chemin, et l'avait mené là, ici, à la croisée de ces routes.

J'ai ri, il n'a pas du comprendre pourquoi, il a souri, ma chienne a tiré, j'ai trébuché, me suis raccrochée à lui en riant aux éclats et en m'énervant un peu après mon monstre, il m'a proposé d'aller faire un tour, j'ai dit oui, et nous voilà partis dans la nuit, partis pour aller jusqu'au bout de l'avenue, du "Boulevard of the broken dreams", mais nous bifurquons vers le lac, le lac, c'est plus drôle, plus mieux, plus nous, tout comme c'est plus nous de Sam et moi, plus "nous" de Sam et lui, et plus nous de lui et moi.

Un tour complet sans compter un seul silence, en parlant de tout, en racontant sans citer vraiment d'événement ces derniers temps, car elle est loin la dernière fois où nous avons pris, avons eu le temps de parler sérieusement de nous, de la vie, des émotions, de tout. "Dis demain tu viens à la répet, hein?" "...oui...j'vais demander à Adrien quand même, parce que vis à vis de Lucas...je ne le sens pas trop de revenir seule. C'est bête, hein?" "Non, je te comprends, t'inquiètes pas, va...:)"

Et puis demain, si Adrien n'est pas là, je prendrais mon courage à deux mains, ou à deux pieds (aux fesses), et j'y irais tout de même, seule, pour le voir, parce que ça lui fait plaisir, parce que ça me fait plaisir, parce que ça fait longtemps. Et parce que j'en ai envie, c'est tout.

Je viens de raccrocher avec Sam, de recevoir sa carte, de relire une lettre d'elle et de regarder des photos. J'aime cette fille, cet "autre moi" que je comprends si bien, que j'aime si fort, qui me comprends si bien, et qui sait si bien m'aimer. J'aime ces paradoxes que l'on partage, j'aime nos délires, j'aime nos discussions, j'aime la regarder parfois avec admiration, et j'aime plonger mes yeux dans les siens, parce qu'ils sont magnifiques, ses yeux. Je l'aime.

Et puis...I change my mind....
You jump, I jump, right?
                           Come Josephine in my fly machine....
        

                  I can take my eyes of you...
 I can take my mind of you....

Et puis ces milliers de choses qui font "que", et ça n'est pas autrement.

Ecrit par P'tite Etolane, le Mardi 8 Mars 2005, 23:28 dans la rubrique Vivre chaque seconde....

Commentaires :

Feu
Feu
09-03-05 à 20:17

J'ai vraiment aimé cet article. Parce que... parce que je ne sais pas exactement, parce qu'il me ressemble à sa façon. Cette envie de tout vivre à cent à l'heure, cette sensation de piocher ça et là des moments magiques, le regard de l'autre qui se pose sur nous au moment où l'on parle avec animation, et que l'on se sent vraiment à l'aise... Ces regards qui portent en eux de multiples promesses.
J'ai vraiment bien aimé. :)