C'est bizarre ici, une page blanche que je dois remplir à chaque fois, comme si je ne l'avais jamais encore remplie.

Il n'y a qu'ici que je peux dire que je craque.

Qu'ici où je veux dire que je craque.

C'est bizarre ici, c'est imprégné de lui à chaque page, à chaque article, à chaque phrase, à chaque mot, à chaque virgule, à chaque blanc.

Je me promène et j'ai presque l'impression d'y humer son odeur.

De voir ses épaules.

Ses bras.

Ses yeux.

Il n'y a qu'ici où je peux dire "Je t'aime encore".

Oublie pas...Je m'en remettrais hein? Je n'aurais pas dû te promettre ça.

Tu n'es pas un type bien, hein, tu l'as dit toi même...Pourquoi tu fais ça?

J'en suis à me demander pourquoi tu existes.

Et le pire, c'est que je n'imagine pas ne pas t'avoir connu.

Ma vie pour toi, mon sang pour toi, mes larmes pour toi, mon souffle pour toi, et tout mon oxygène, prends tout mon amour, je n'ai plus besoin de rien, dans la mort on est seuls, enfin. Sans besoin de rien, sans cet amour qui m'écrase, ton manque...mon manque...

 J'ai pas réussi à t'en vouloir.

On peut pas tout savoir. Pas réussir non plus.

Je t'aime.        

Et y'a mon sang qui coule. C'est bizarre larmes et sang.

C'est dilué.

C'est...envoûtant.

Il n'y a qu'ici où je peux dire ça.

Dire que ce que je vous sers tout les jours au lycée, à vous autres qui me suivez, et m'entourez, c'est du toc à 100%.

De l'enjouement foireux.

Que mes saluts en sourires vifs à son adresse ne sont que l'expression de mon instinct de survie.

Rien n'est vrai, tout est faux.

Je ne suis pas heureuse.

Je ne veux pas vivre.

Tout ce que je n'ai pas trouvé, c'est le moyen d'en finir.

Mais je ne vous le dit pas à vous.

Parce que je veux pas le montrer.

Je veux pas montrer ces blessures, encores ouvertes, et les traces de sang.

Je veux pas montrer les mouchoirs rouges écarlates.

Je veux pas montrer les médicaments.

Je veux pas montrer les ciseaux.

C'est à moi, rien qu'à moi, une espèce d'expiation, ça ne fonctionne pas, ça fait mal, mais au moins je souffre pour quelque chose de physique.

Parce que j'ai honte de moi, de vos "Toi au moins tu prends ça relativement bien, d'autres auraient dit: Il a dit non, j'ai plus qu'à mourir"

Désolée.

Je suis comme eux.

Sauf que j'ai l'espoir, l'espoir qu'un jour je m'en sortirais, l'espoir...
L'espoir que ma fin ne soit pas lente...infinie.

Désolée de vous décevoir.

J'aurais aimé...j'aurais aimé être forte.

Prendre tout ça de haut.

Mais oui, et puis non.

Je suis si...fatiguée. On devrait pas être fatiguée à 16 ans, ça devrait être interdit.

On devrait pas pouvoir tomber amoureux à 16 ans.

Ca devrait être interdit.

Désolée pour l'absence, désolée pour les regrets que vous aurez, pour vos mots, pour tes cheveux blonds ma Cissa, pour ta grâce ma May.

J'aurais aimé être là.

Désolée de lâcher prise, c'est peut être tout ce qu'il me reste avant que mon masque ne s'effiloche.

Une mort noble, ce que je veux.

Une mort noble.

Sans l'étiquette "Suicidée."