Se voiler la face n'a jamais été bon pour personne, c'est un fait. Peut être que je le sais, mais je le fais quand même. A quoi cela m'amène t-il? A contenir mes larmes, ma rage, et à mieux supporter ma vie peut être.

Vous avez du le deviner à ces quelques lignes, les filles, la réponse que j'ai eu, ou pourtant que je n'ai pas eu n'est pas celle que j'attendais. Il n'a pas trouvé le temps de me parler, juste un pretexte fallacieux, et je n'ai eu pour seule réconfort que l'épaule de Brice et son "Tu vas voir, je vais lui dire texto moi!!" moitié furieux.

Il aurait pu venir me parler, je le lui ai demandé. Il n'est pas venu, il était assis avec sa classe, j'étais face à eux, écouteurs sur les oreilles, pourtant je n'entendais pas la musique, non, la seule chose que j'entendais c'était son "Je ne peux pas là..." et "Ce midi je mange avec un pote, je peux pas le laisser tout seul" Pote? Excuse moi, Lucas, mais de quel pote tu parles? Et ton ami, il aurait eu peur tout seul au milieu de sa classe?

Non, bien sûr que non, mais toi tu aurais peur, tout seul avec moi. Excuse moi, mais qui se voile la face de nous deux? Tu sais très bien ce que je veux te dire, ne le nie pas. Donc tu crève de trouille, donc tu n'a même pas les couilles de me laisser une chance de m'expliquer. Tu ne me laisse même pas te dire ce qu'il faut que tu saches, non, tu as peur, et tu as peur d'entendre ça.

Pourtant je n'arrive pas à t'en vouloir comme je le voudrais, non, j'ai beau essayer, mais j'ai l'impression d'en vouloir à un pauvre gosse éffarouché. Quelle gourde, tu n'as pas besoin de moi pou te protéger. "Salaud", ça m'écorche les lèvres, je ne le ressens pas, je ne le pense pas. Tu m'as fait pleurer toutes les larmes de mon corps, tu m'as arraché ma diginité, tu m'as vu passer devant toi les larmes aux yeux...

Si je t'en veux pour quelque chose, c'est de m'avoir vu pleurer, c'est poru ces minutes où j'étais seule, cachée derrière un mur dans la grande cour vide à cette heure, entre la salle des profs et les marroniers, à l'abris des regards des élèves prisonniers des salles de mathématiques, appuyée contre un mur en sanglotant, pendant dix...quinze...vingt minutes, la pluie et moi qui ne rentre pas....rentrée trempée, et me regarder dans le miroir. Les yeux rouges.

Pas de sourire, je ne sais plus sourire, par ta faute. Si je t'en veux c'est pour tous ces stigmates, pour l pitié de Benoît et Ludo, non formulée mais visible sur leur visage, quand Brice s'est levé alors que je faisais mine de fuir, si je t'en veux, c'est pour mon image que tu casse et que tu piétine à loisir, si je t'en veux c'est parce que je crois bien que tu es le premier que j'aime autant.

Je t'en veux, mais je n'arrives pas à te détester. Je ne le sais pas, tu ne me l'as pas dit, mais je le suppose: Tu ne m'aimes pas, tu ne m'as jamais aimée, tu ne m'aimeras jamais. Ca aurait pu marcher, ou pas, mais de toutes façons on le saura jamais. Tu es lâche, encore plus que moi.

"Tu as choisi ta vie de con, le bonnheur nous aurait ennuyé, on crévera chacun de notre côté"

Très bien.

Je te hais. Même si ça me fait mal de le dire, même si c'est pas vrai, même si je le pense pas.Je te déteste pas non plus. Mais il faudrait que je me force.

Je te laisserais une chance, si tu me le demandais, et je sais qu'aux vacances je vais me précipiter pour t'appeller et te voir. Je ne suis pas lâche, moi, je t'aime, c'est tout, et je le vis mal.

Je sais que j'ai déjà fait trop de concessions "Tu ne sauras jamais à quel point j'ai renoncé à moi pour être à toi." mais d'un côté, une de plus une de moins...Je pourrais attendre, si tu me le demandais, je serais ptête à tout...c'est triste, non?

J'aimerais pouvoir détruire comme tu m'as détruite, coup par coup, sournoisement, pierre à pierre, je crois que j'ai perdu beaucoup plus de moi que je n'en retrouverais? J'étais frileuse en amour, méfiante, peu sûre, avec mes raisons. Maintenant, je ne sais pas. J'y croyais, je l'idéalisais. Là..."j'aimerais", "j'en rêve", mais je n'y crois plus.

Va te faire foutre, fuit puisque c'est tout ce que tu peux faire. Tu passeras à côté de ce que j'aurais pu te donner, tu ne sauras jamais ce que tu manque, tu ne sauras jamais à quel point je t'ai aimé. Condamné à l'ignorance, et moi, condamnée à me taire.

Je t'aime, crève.